mai 2022

Le lierre terrestre : la (fausse) menthe qui rampe comme le lierre !

           Le lierre terrestre, cela vous dit quelques chose ?

 

Un nom bien trompeur car il n'a rien à voir avec le lierre "grimpant" : c'est même plutôt un cousin de la menthe. En frottant ses feuilles, on retrouvera d'ailleurs des arômes mentholés et légèrement camphrés, parfois vanillés, qui éveillent tant les papilles que les narines !

 

Du nom latin "Glechoma hederacea", le lierre terrestre fut utilisé dès l'Antiquité pour soulager les affections respiratoires, et ses intérêts multiples incitent à redonner des lettres de noblesse à cette petite plante aromatique et mellifère !  

 

Pour le repérer et le reconnaître

 Comme les menthes et de nombreuses aromatiques, le lierre terrestre  présente les caractéristiques  anatomiques de la famille des Lamiacées : une tige quadrangulaire et des feuilles opposées sur la tige. Celles-ci, rondelettes, forment d'ailleurs comme un cœur ou un rein crénelé. Elles ont tendance à persister l'hiver tenant tête au gel. 

 

 

Globalement discret, même lorsqu'il est en pleine floraison, c'est le long des haies, ou à la lisière des forêts, dans les coins mi-ombragés, qu'on le rencontre. C'est pourtant une espèce assez fréquente car peu exigeante.

Ses stolons lui permettent une grande vitalité avec une progression spectaculaire qui lui a probablement valu son nom de "lierre", rappelé par le nom d'espèce "hederacea" en botanique. "Glechon" désignait autrefois une menthe si bien que son nom signifie littéralement "la menthe qui rampe comme le lierre'". 

 

Au printemps, les tiges se redressent et portent des fleurs raffinées et découpées, de couleur bleu lavande, tachetées de pourpre sur la lèvre supérieure bilobée.

 

Un lierre aux pouvoirs magiques ...

 

   Bien qu'il fleurisse au printemps, et qu'il soit encore rarement en fleurs au solstice, c'est à la Saint Jean qu'on lui accordait une place privilégiée ! On réalisait des couronnes avec ses longues tiges en présage des amours d'été, telle une herbe connectée à Vénus.


Cette tradition lui valut différentes appellations "courroie de Saint Jean" , "couronne de terre", "Saint Jean trainée"...  Mais on le nomme aussi "rondelotte", "rondotte", "lierret", "laurier de terre", "esserolle"... une liste qui s'allonge à souhait d'une région à l'autre.

 

 

 Au coeur de la magie blanche au Moyen Age, le lierre terrestre était  considéré comme une plante magique. Il faisait partie des plantes guérisseuses et on lui associait des propriétés surnaturelles. Attachée notamment au pouvoir de la vue, ses feuilles trempées dans de l'eau claire, qui apaisent encore aujourd'hui les yeux irrités, étaient spécialement utilisées avec leur pouvoir d'induire des visions doubles ou surnaturelles des êtres de l'au-delà, sorcières et autres créatures  fantastiques...

 

 

.... et aux propriétés bien plus que béchiques* !!

* béchique se dit d'une plante qui soulage les toux sèches 

  Dès l'Antiquité, la plante est connue pour " faire recracher le mal et guérir les blessures". Elle purifie le sang et soigne les poumons, les reins, l'estomac et les intestins ! Une panacée pour les Grecs déjà, comme pour tout herboriste d'aujourd'hui .

 

Au XIIème siècle, elle acquiert la réputation d'une plante pectorale à tel point qu'on l'utilise encore pour sa capacité à assécher les muqueuses ORL congestionnées ou engorgées. Elle fut d'ailleurs utilisée contre la tuberculose. C'est la marrubiine contenue dans la plante qui lui confère ces propriétés expectorantes et qui limite la surproduction de mucus. C'est aussi là son côté béchique qui la rend efficace en cas d'asthme et de bronchites chroniques, en tisane comme en sirop.

 

Son caractère asséchant se retrouve également pour limiter les leucorrhées chez la femme.

 

Mais ses propriétés ne s'arrêtent pas là tant la composition de la plante est spectaculaire  : une grande richesse en tanins, et en vitamine C (50 mg pour 100g de feuilles), associée à : iode, menthol, apigénine, hyperoside, acide oléanolique....et une liste des plus improbables !

 

... sans oublier son  côté tonique !

Bien sûr la vitamine C lui procure un effet reboostant mais certains auteurs la classent comme une "adaptogène" plus qu'une tonifiante. Les adaptogènes sont des plantes régulatrices permettant d'augmenter la capacité du corps à s'adapter aux différents stress tout en préservant son l'équilibre tout en lui permettant de fournir l'énergie suffisante pour l'activité à réaliser...

 

Parmi ses autres propriétés :

- elle est stomachique, à la fois digestive et apéritive notamment en cas de perte d'appétit, elle augmente les sécrétions gastriques comme la production de bile, ce qui facilite la digestion des graisses.

- diurétique, elle régule les désordres rénaux 

- elle aide à la cicatrisation des blessures externes tant par son côté anti-inflammatoire que par ses propriétés astringentes et ses tanins qui resserrent les tissus et peuvent faire mûrir abcès et furoncles. 

- elle détoxifie des métaux lourds et même de  toute intoxication. Des infusions ou des teintures de parties aériennes fraîches ont été utilisées en prévention d' intoxication éventuelle par les peintres par exemple.

 

... et pour finir, elle soulage les tintements d'oreille ou plus encore les acouphènes, une vieille indication du XVII ème siècle, confirmée récemment par de nombreux praticiens Anglo saxons,  à condition d'utiliser la plante pendant plusieurs mois, en infusion, à raison de 2 à 3 fois / jour ... 

 

 

COMMENT LA PREPARER ?

 

Pour l'utiliser, il semble que le séchage en diminue l'efficacité, aussi on préfèrera les infusions de feuilles fraîches à raison de 15 à 30 g de plantes / litre d'eau et de 3 à 4 tasses / jour (en cas de réel besoin).

 

On peut la préparer en sirop associé à des fleurs de bourrache ou à de la guimauve pour en renforcer les propriétés adoucissantes et expectorantes par exemple. Le sirop se prépare à partir d'une infusion de plantes filtrée, à laquelle on ajoute la même quantité de sucre que de liquide obtenu et que l'on cuit de 5 à 10 min...

 

On peut aussi en faire des cataplasmes à partir de feuilles fraîches grossièrement hachées et mêlés à un peu d'huile de noisette. A appliquer par exemple sur le thorax pour soulager le système respiratoire.

 

Et pour les plaies et autres soucis cutanés, le macérât solaire est idéal : mettre tiges feuilles et fleurs dans un bocal, en les tassant légèrement et les recouvrant d'huile d'olive ou de sésame. Après une macération au soleil d'au moins un mois, on peut l'utiliser en application sur tous les abcès, furoncles et plaies cutanées diverses...

 

 

En symbolique :

Au delà de la connexion à Vénus et à l'amour, le lierre terrestre peut être préparé tel un Elixir de Bach pour les personnes liées à la Terre avec un  côté matérialiste. Il peut alléger leurs angoisses liées aux soucis d'argent et aux perspectives d'argent. Enfin, il soutient le désir affectif comme le besoin de se sentir utile.

 

 

Et ...Côté cuisine ?

Bien que contenant une faible quantité de pinocamphone (composé du groupe des camphres), le lierre terrestre est considéré comme une  plante comestible. Elle ne peut être consommée  de pleins saladiers mais elle est excellente comme condimentaire, tant pour ses fleurs subtiles colorant les plats que pour ses feuilles aux parfums délicats.

 

Un allié de choix : le fromage de chèvre ...
..ou le jus de pomme !!

 

Je vous invite à consulter le  site des cueilleurs sauvages par exemple .

 

Pour ma part, j'aime à le faire macérer quelques heures dans du jus de pomme après l'avoir haché grossièrement. Après une filtration, je le mêle soir à une eau pétillante soit à un vin blanc pétillant pour un apéritif des plus élégants

 

N'oublions pas que le lierre terrestre fut jusqu'au XVII -ème siècle, l'ingrédient qui permettait de clarifier et d'aromatiser la bière avant l'utilisation du houblon ... 

 

 

Laissez vous tenter ! Innover avec le lierre terrestre !!!