Mars 2022

Le frêne : un allié "détox"

 

 

      Même s'il n'a pas encore retrouvé son feuillage léger et ondulant, ce sont ses bourgeons et leur petit dôme  "noir velours" facilement reconnaissable, qui sont en ce moment le concentré de toutes ses vertus !

 

   Un puissant stimulant des reins, draineur de toxines, nettoyant le corps de ses surcharges et permettant de rétablir l'équilibre du système ostéo-articulaire notamment. 

Une essence très appréciée

     En pleine saison, le frêne est généralement identifiable par ses feuilles composées et ses grappes de fruits secs, souvent appelés « langues d’oiseau »qui sont en réalité des samares, et dont les oiseaux comme les écureuils font une grande consommation. On le connaît aussi par son implantation en bord de rivières puisque, grâce à son réseau racinaire étendu et dense, il contribue à la stabilisation des berges comme à celle des pentes menacées par des mouvements de terrain.

En écologie, il est  à plus d'un titre remarquable : il accueille de nombreuses espèces d'insectes (17 lui sont exclusivement inféodées),  d’oiseaux et parfois de mammifères...


  En effet dans le frêne tout est bon : les rameaux et les feuilles sont des mets de choix pour les animaux à constitution fragile, prédisposant déjà de vertus thérapeutiques notables.

 

 

Quant à son bois, doté d'une grande résistance mécanique et d'une flexibilité appréciée, c'est un produit très recherché. Les Celtes employaient le bois de frêne pour confectionner leurs javelots, leurs lances et leurs flèches.

Dans l'Iliade d'Homère, Achille possédait un javelot en frêne !

 

 

Un arbre des plus symboliques

 

Les symboles associés au frêne sont nombreux mais toujours en lien avec la vie, la création et le cosmos.

 

 

        Dans les traditions scandinaves, cet arbre à la hauteur vertigineuse dès lors qu'il n'est pas taillé en têtard, fut un symbole de grandeur tel un pilier soutenant le toit du monde et prenant racine dans la sagesse. Dans cette dimension "sacrée", il était associé à la pérennité et à l'immortalité.

 

 

Chez les Grecs anciens, il incarnait la stabilité absolue, l’arbre de Poséidon, qui était notamment le dieu des séismes. 

 

 

   Enfin, entre mythe et réalité, persiste encore aujourd'hui, l'effet répulsif du frêne vis à vis des reptiles et de serpents, voire sa protection à leur encontre : « Si une personne ou un animal a été mordu par un serpent, confectionnez-lui un collier en branches de Frêne » raconte la légende.

 

Cette recommandation, relayée par de nombreux témoignages plus ou moins authentiques, agirait parce que les serpents éprouvent une "phobie" naturelle pour les lieux où poussent des Frênes.

   La légende raconte même que, dans leur instinct, les serpents évitaient même de ramper près de l’arbre « pour ne pas toucher l’ombre » projetée sur le sol ...

 

   Faut il y voir un écho au frêne Yggdrasil, l'arbre cosmique de la mythologie viking et du serpent dragon Nidhogg qui vivait au pied d'une de ses trois racines?

 Nidhogg habitait la brume givrante et l'obscurité du plus bas des mondes, se nourrissant de cadavres qu'il déchiquetait. Lorsqu'il était dégoûté des cadavres, le serpent rongeait la racine d'Yggdrasil, espérant probablement occasionner des dégâts dans le cosmos....

                                       

 

                                                                                                                                                 Une représentation d'Yggdrasil

 

L'union entre le micro et le macrocosme

 Dans les pratiques de sylvothérapie, le frêne a gardé cette symbolique forte reliant microcosme et macrocosme. Il rappelle que tout est interconnecté et qu'en incarnant l'axe du monde, il a cette capacité de vous relier à votre axe intérieur et de vous permettre d'aller  vous reconnecter à votre nature et à vos racines profondes.

 Il est votre miroir votre identité la plus profonde.

Aller à sa rencontre est la promesse d’aller à votre propre rencontre. 

C'est le chemin vers votre maison intérieure, vos racines

c'est-à-dire la partie la plus solide et authentique de votre être.

 

Vous découvrirez certainement

ce que vous cherchiez depuis longtemps

et qui était là, à portée de main :

votre essence profonde , votre Moi. 

 

Retrouver cette partie unique et individuelle

vous connecte aussi directement à l’univers tout entier.

Tout cela avec un profond sentiment de paix

car le frêne vous accueille comme vous êtes

et peut même vous murmurer ce message :

 

 « Tu es exactement à la place que tu as choisie dêtre.

Ton Moi se trouve dans un espace auquel tu ne pensais plus,

un lieu que tu avais renoncé à aimer, cherchant en vain à trouver cette paix intérieure qui t’attendait là au fond de toi. "

 

Le frêne vous donne la chance d’accueillir

votre structure invisible pleine de ces oppositions,

qui cohabitent harmonieusement en vous. 

 

Le grand frêne de Trédéal -Paimpont - Ille et Vilaine (aujourd'hui disparu)

 

Un arbre de guérison

  Le mot frêne dériverait du grec phraxis qui signifie « haie, clôture, barricade », une trace de son utilisation antique.

 

L'espèce la plus connue en France est le Frêne élevé (Fraxinus excelsior) dont la réputation a parfois été détournée vers les frênes à fleurs (Fraxinus ornus et Fraxinus rotundifolia) dits encore "Frênes à la manne",  notamment au Moyen Age car ces derniers étaient plus prisés par les magiciens de l'époque.

La manne était en effet employée pour les rites liés à la santé et aux guérisons. Il s'agit d'un suc visqueux s'échappant de l'écorce après incision, riche en essences et résines aux propriétés extrêmement intéressantes.

 

Pourtant, et alors que les Grecs utilisaient en déjà les feuilles comme diurétique dans l'Antiquité, le F. excelsior n'est devenu populaire en France qu'au début du XXe siècle. Les médecins le prescrivirent contre de nombreux troubles : diarrhées, fièvres, maux de dents. On s'en est servi aussi pour guérir l'hernie ombilicale du nourrisson.
Et aujourd'hui encore, c'est l'excelsior qui reste le plus utilisé dans la pharmacopée
 ...

 

     C'est probablement la fraxine, un composé organique aromatique , présent dans l'écorce, les feuilles et bien sûr dans  les bourgeons du frêne, qui est à l'origine de ses nombreux bienfaits.

Ses feuilles sont également riches en sels de potassium,  et en mannitol (présent dans la manne évoquée précédemment), ce qui  en renforce les propriétés :

  • diurétiques : elles stimulent la production d'urine et l'élimination d'eau en excès dans les tissus, entrainant en même temps, les toxines stockées et responsables de douleurs et régulant les excès de cholestérol ou de sucres dans le sang,
  • anti-inflammatoires : en éliminant les toxines et réduisant l'acidité, elles soulagent les douleurs rhumatismales et articulaires ainsi que les crises de goutte,
  • riche en anti-oxydants (de type polyphénols- rutosides et tanins) : elles limitent le vieillissement cellulaire et notamment celui des articulations,
  • fébrifuge: le frêne fait tomber la fièvre
  • riches en mucilages, ces composés qui prennent du volume en présence d'eau, la feuille de frêne agit aussi comme coupe-faim naturel et réduit les gros appétits...

      Ce n'est donc pas un hasard si, en plus du cassis, du pissenlit et de la menthe, 

la feuille de frêne est un des constituants phare de la tisane dite des Centenaires !!!

 

Et quelques recettes pour terminer....

                     Les jeunes feuilles tendres peuvent être ajoutées dans des salades ou associées à des légumes.

                  Les fruits ailés (les samares) encore verts du frêne peuvent être dégustés marinés dans du vinaigre. Pour atténuer leur goût amer, mieux vaut les faire bouillir avant dans au moins deux eaux différentesLes graines des samares mûres peuvent être consommées crues, mais en petite quantité, ou transformées en farine.

     La frênette ou cidre de frêne peut aussi être préparée directement à partir des feuilles de frêne notamment lorsqu'elles ont été l'hôte de pucerons et que leurs feuilles sont ainsi couverte de miellat dont le sucre permet une fermentation naturelle.  On peut y rajouter le jus d'un citron lors de la préparation.
 En l'absence de pucerons, on prépare un sirop de sucre ou de miel qu'on ajoute aux feuilles mises en macération ainsi que le jus de citron. À laisser fermenter une dizaine de jours avant de consommer.

Certains auteurs proposent de faire bouillir les feuilles avant de leur ajouter le sirop de sucre...

                                       A chacun sa recette!!